Quand Agatha Christie devient l’héroïne de sa propre énigme ! (Interview)

Le 3 décembre 1926, près de l’étang mystérieux de Silent Pool, la voiture de la jeune romancière Agatha Christie est retrouvée accidentée, sans aucune trace de sa propriétaire : LA REINE DU CRIME A DISPARU !

L’inspecteur Kenward et son adjointe Hastings mènent l’enquête. Enlèvement ? Meurtre ? Disparition volontaire ? Chaque indice sème le doute. Les interrogatoires se succèdent : une fidèle gouvernante, un mari adultère, une amie désespérée, un éditeur véreux ! Tous semblent détenir un pan de la vérité.

Un polar théâtral captivant, inspiré d’un fait réel, où l’ombre d’Agatha Christie plane jusqu’au dernier souffle. Oserez-vous percer le mystère ?

Carla Girod, comédienne et co-auteure de Silent Pool nous raconte les coulisses de la pièce : de sa création à sa mise en scène, en passant par l’écriture… et bien plus encore !

Une interview exclusive pour le Sunday Mystery Club, à découvrir ci-dessous.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours avant la création de Silent Pool ?

Je suis Carla Girod, comédienne, auteure et membre fondateur de La Compagnie des Ballons Rouges. 

Depuis l’âge de dix ans, j’ai su que je voulais travailler dans le milieu artistique. À l’école, très vite, je me suis rendue compte que je ne rentrais pas dans les « moules conventionnels ». 

Après mon bac et avec le soutien de mes parents, j’ai eu la chance de pouvoir m’épanouir et de suivre une formation de comédienne au cours d’art dramatique Jean Périmony à Paris. C’est pendant ce cursus que j’ai rencontrer mes partenaires de scène avec qui nous avons fondé La Compagnie des Ballons Rouges : Camille Delpech, Emilien Raineau et Axel Stein-Kurdzielewicz et Drys Penthier avec qui j’ai co-écrit Silent Pool : la Reine du Crime a disparu

Je travaille aussi en tant que comédienne et metteur en scène avec d’autres compagnies qui sont devenues des grandes familles pour moi, La Compagnie des Hauts de Scène, La Compagnie Emersion, La Compagnie les Turbulents.

Après deux premières créations tirées du répertoire classique (Le Barbier de Séville de Beaumarchais et Léocadia de Jean Anouilh), La Compagnie des Ballons Rouges est très fière de sa dernière création car c’est le premier texte original présenté par ses membres, ce qui nous permet de montrer une nouvelle facette de notre travail au sein du « Théâtre parisien ». 

Silent Pool s’inspire d’un épisode réel : la mystérieuse disparition d’Agatha Christie en 1926. Qu’est-ce qui vous a donné envie de transformer ce fait divers en pièce de théâtre ?

L’idée est venue d’Axel qui un jour, dépité de ne pas trouver de travail sur Paris, s’est tourné vers Drys et moi et nous a dit : « Ou sinon on écrit une pièce sur les onze jours de disparition d’Agatha Christie » en éclatant de rire. Je l’ai regardé ébahie, car depuis mon enfance je suis une immense fan de la romancière, passion transmise par ma grand-mère, mais je ne connaissais pas le fait divers de sa disparition. Puis nous nous sommes regardés avec Drys, qui lui aussi avait flairé l’idée de génie et nous lui avons dit « Mais on va l’écrire ! »

Pour nous, il y avait tous les éléments nécessaires pour écrire une bonne pièce : une intrigue palpitante puisqu’il s’agit d’un mystère non résolu qui suscite aujourd’hui encore les théories les plus folles, des personnages hauts en couleur à interpréter, et l’idée de pouvoir rendre hommage à l’auteure la plus célèbre du monde. J’ai vu beaucoup de films où Agatha Christie apparait mais l’image qu’on en donnait n’était pas à la hauteur de sa carrière. Je n’ai pas la prétention de dire que nous avons réussi mais l’idée de relever le défi pour mettre en avant le génie de la Reine du Crime était très excitant. 

La pièce mêle enquête, humour et hommage à Agatha Christie. Comment êtes-vous parvenus à faire cohabiter le suspense d’un polar et la légèreté d’une comédie ?

Nous avons mis réellement trois ans à écrire la pièce. Il y a eu un gros travail d’improvisation mais aussi beaucoup de recherches bien évidemment. Nous nous sommes plongés dans les romans et les pièces de théâtre d’Agatha Christie pour comprendre son mécanisme d’écriture, ce mélange de suspense, d’humour et scènes dramatiques si présent dans son œuvre. 

D’abord nous avons cherché une structure plausible. Quelle histoire voulions-nous raconter ? Quels sujets voulions-nous défendre ? et le plus important quel sera notre effet « waouh » à la Hercule Poirot pour la fin de l’histoire ? Tout ça, en nous appuyant bien évidemment sur la réelle enquête de l’époque et toutes les informations mises à notre disposition. 

Une fois ces éléments en main et notre structure solide, quels sont les procédés comiques que nous pouvions ajouter sans desservir l’enquête en elle-même ?

Le principal atout comique est le duo d’enquêteurs :  L’Inspecteur Kenward, qui s’il résout l’enquête sera promu Super Intendant, se voit attribué une jeune bleue un peu maladroite mais fan d’Agatha Christie et déterminée. Cette opposition de statut permet de réaliser de vrais comiques de situation et de jouer également avec le rapport homme-femme en 1926.

Puis il y a eu tout le développement des différents personnages, leur façon de parler, leurs expressions, leurs caractères, leurs interactions…

De plus, en écrivant la pièce, il y avait l’envie en chacun de nous de trouver des situations, des répliques qui nous feraient rire puis, lors des répétitions, nous avons trouvé beaucoup de nouvelles idées, de nouvelles tournures de phrases. Jusqu’à la veille de la première, nous avons apporté de nouvelles modifications au texte pour trouver la petite touche finale. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur la mise en scène et les décors ? Où l’intrigue se déroule-t-elle principalement ? Comment avez-vous réussi à reproduire l’ambiance britannique de l’époque ?  

La mise en scène, pensée par David Legras et Axel Stein Kurdzielewicz, avait la volonté d’être très cinématographique. Il y a plusieurs lieux, nous ne sommes pas dans un huis-clos conventionnel. Dans notre histoire, on passe d’un commissariat, à un salon de thé, à la berge brumeuse de l’étang de Silent Pool, il fallait donc un système mouvant et évolutif. Résultat : des panneaux à roulettes recouverts de dessins interchangeables et un mobilier tout aussi mobile dans le style année 20. Grâce à ce dispositif, (mis en place par David Legras, Jacques Poix-Terrier et Thalie Amossé) les décors viennent aux comédiens, et pas l’inverse, ce qui nous permet de laisser place à l’imaginaire. Nos spectateurs sortent de la pièce émerveillés avec la sensation d’avoir voyagé.

Les décors prennent une place importante dans le dispositif mais il y a eu également un énorme travail de « Lumières » pour souligner les ambiances grâce à notre régisseur : Martin Gandrillon.

Et que serait un spectacle sans ses costumes, surtout pour des habits d’époque ? Jérôme Ragon a fait un travail remarquable sur la création des costumes.

Petite anecdote : nous avons tous pleuré lorsque nous avons découvert notre Agatha avec le costume final. Ça a été un moment magique pour toute l’équipe.

La musique a également permis de souligner l’époque et le côté film de la pièce. Laurent Labruyère en plus de la création musicale qui vous transporte de lieu en lieu a composé une bande sonore pour souligner parfois le comique mais aussi l’intensité de la résolution.

Nous avons beaucoup de chance d’avoir cette équipe. Sans eux, le spectacle ne serait pas le même.

Pourquoi pensez-vous que Silent Pool séduira tout particulièrement les amateurs de cosy mystery ?

Nous espérons que les amateurs de cosy mystery aimeront cette pièce car nous avons essayé de respecter tous les codes mis en place par la Reine du Crime et même par d’autres auteurs de polar. 

Ce qui nous intéresse n’est pas de montrer explicitement les choses mais d’amener petit à petit ce qui est tu et qui doit être su.

La plupart des fans d’Agatha Christie qui sont venus voir le spectacle jusqu’à présent ont été conquis. Il y a beaucoup de références à ses livres et à son oeuvre, de l’humour bien sûr, beaucoup de thé et une bonne dose de mystère. 

Au delà de cette dimension, on découvre une femme touchante qui n’était pas qu’auteure mais qui défendait de vraies valeurs et qui se battait pour les gens qu’elle aimait.

Une tournée en France est-elle envisagée ? 

La pièce a été créée au théâtre de l’Entr’Deux à Imphy en Bourgogne où les Ballons Rouges sont compagnie associée. Pour l’instant la pièce se joue à Paris mais oui nous avons pour but de la diffuser partout en France. Nous avons déjà des dates de prévues en Bourgognes à Sougy et à Guerigny en 2026 et nous espérons pouvoir tourner un peu partout pour vous faire découvrir notre version du mystère ! 

Merci à Carla Girod d’avoir répondu à nos questions. Nous vous remercions également pour votre lecture. Avant de partir, découvrir le teaser et les informations pratiques concernant la pièce ci-dessous.

Informations pratiques

Jusqu’au 4 janvier au Théâtre du Funambule à Montmartre, les samedis à 17h et les dimanches à 16h.

Lien de réservation : cliquez ici.

Instagram de la Compagnie : @compagnielesballonsrouges

Auteurs : Carla Girod, Axel Stein-Kurdzielewicz, Drys Penthier

Mise en scène : David Legras et Axel Stein-Kurdzielewicz

Avec Camille Delpech, Drys Penthier, Emilien Raineau, Justine Marçais, Carla Girod, Axel Stein-Kurdzielewicz et avec la voix de Valérie Français

Création lumières : Martin Gandrillon

Compositeur : Laurent Labruyère

Décors : David Legras (conception décor), Jacques Poix Terrier (construction décor), Thalie Amossé (dessin)

Costumes : Jérôme Ragon

Production : Compagnie des Ballons Rouges

Crédit Affiche : David Oghia 

Crédit Photo : Tara Caillet

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